L’historique ancien du tableau de Fragonard est difficile à établir car Fragonard avait  livré plusieurs versions (au moins quatre, cf. Dupuy-Vachey dans Paris, 2007-2008, p. 164) de cette composition qui manifestement lui sembla significative au point qu’elle fut aussi gravée par Angélique Papavoine en 1788. La lettre de la gravure ainsi que les descriptions lors des ventes anciennes, notamment lors de la vente Calonne (21-30 avril 1788, no 248), permettent d’identifier sans ambiguïté son sujet : « Sapho inspirée par l’Amour qui lui dicte ses poésies. » Il est à noter que c’est une autre version provenant de la collection du marquis de Véri, commanditaire du Verrou, qui inspira la gravure de 1788. Celle-ci présente une variante notable puisque « l’Amour offre [à Sapho] une de ses flèches pour tracer ce qu’il lui inspire ». Avec cette composition que l’on date généralement vers la fin de la carrière picturale de Fragonard, dans les années 1780, le maître aborde et raffine le thème de l’inspiration créatrice et amoureuse qui irrigue un pan important de sa production tout au long de sa carrière (Sheriff, 1990, p. 152- 184). Fragonard connaissait sans doute de première main les poésies de Sapho. On conserve en effet un recueil qui lui  appartenu rassemblant ses œuvres ainsi que celles d’Anacréon telles qu’elles furent compilées et traduites par l’helléniste Julien-Jacques Moutonnet-Clairfons en 1773.

Cette miniature, si elle s'inspire de la version à la flèche offerte pour écrire, est différente en plusieurs points : la jeune femme à la poitrine couverte et n'est pas coiffée de lauriers. On est en présence ici d'un véritable portrait et non d'une allégorie idéalisée. La jeune femme est représentée  inspirée par l'Amour, mais elle est coiffée et vêtue à la mode du temps.

Une signature est présente dans le cartouche turquoise de l'écritoire, mais hélas indéchiffrable. Peinte de manière très "enlevée", rehaussée de touche de gouache très "Fragonard".